La Mutinerie – DVD et Blu-Ray – Avis critique sur ce film d’évasion de prison transgressif gay

Réalisé en 1968, La Mutinerie est un excellent film d’évasion de prison à la réalisation parfaite et aux acteurs parfaits. L’histoire est palpitante puisque le scénario relate une histoire vraie ! Pour reproduire cette véritable émeute et évasion dans une prison américaine, le réalisateur a tourné son film dans une vraie prison avec la participation de vrais prisonniers et de vrais gardiens de prison parmi les acteurs !

Une puissance cruelle impitoyable

Quand on découvre ce film, on est tout de suite subjugué par la réalisation irréprochable associée à une bande originale envoûtante avec notamment la superbe chanson 100 years interprétée par Bill Medley. Et quand la musique s’arrête, le silence s’installe (chose rarissime dans le cinéma américain), la caméra ose des contre-plongées, des plans fixes, elle laisse le temps au temps, on peut presque sentir la chaleur accablante sur le pénitencier ! Pour vous donner un point de comparaison sur la qualité de la réalisation, une scène de La Mutinerie évoque une scène de Bonnie & Clyde avec la même puissance cruelle impitoyable.

Un excellent film d’évasion de prison

Justement, La Mutinerie est un fabuleux témoignage sur la cruauté humaine… des gardiens ! Car, oui, La Mutinerie est tout d’abord un excellent film d’évasion de prison mais aussi un film transgressif à plusieurs niveaux. Trois ans avant le film Sacco et Vanzetti, La Mutinerie dresse déjà le portrait d’un système judiciaire injuste et inhumain ; c’est d’ailleurs cela qui rend le film particulièrement stressant. Ouvrons une parenthèse pour décrire une scène où un policier s’amuse à suivre un prisonnier avec le viseur de son fusil pointé sur sa tête en étant prêt à ouvrir le feu gratuitement sans accorder la moindre importance à la vie humaine. D’ailleurs, sans spoiler le film, plusieurs détenus ont été tués par les gardiens et la police lors de la véritable mutinerie.

Un travesti qui fait une danse érotique

Sur un autre niveau transgressif, le film La Mutinerie présente un travesti qui fait une danse érotique pour les autres détenus sans qu’ils se moquent de lui mais au contraire en l’admirant. Les images décadentes de ce travestissement public sensuel sont extrêmement belles tandis que, pour une fois (la première fois ?), un homme travesti n’est pas présenté de manière grotesque aux spectateurs mais comme un homme qui s’épanouit pleinement en offrant du plaisir à d’autres hommes… un an avant Les Damnés de Visconti avec Helmut Berger en travesti flamboyant de Marlène Dietrich ! Le film La Mutinerie aborde un dernier point transgressif avec une extraordinaire intelligence en effet l’acteur afro-américain Jim Brown est d’une beauté à faire se retourner tout Le Marais mais pour échapper aux foudres d’une censure anti-gay (le film est tourné une année avant les émeutes de Stonewall) le réalisateur place cet acteur au centre d’un moment onirique où il est entouré de jeunes beautés afro-américaine en bikini minimalistes en masquant une transgressivité par une autre transgressivité : la présence de jeunes starlettes afro-américaines à la place des jeunes starlettes WASP ! Et hop, le tour est joué, 9 ans avant les Village People avec le policier et le militaire, le film La Mutinerie a créé une icône gay afro-américaine indétectable !

Orientation gay friendly

L’orientation gay friendly de La Mutinerie est d’ailleurs très habilement dissimulée par le réalisateur qui évite le piège du baiser sur la bouche entre 2 prisonniers avec une étreinte masculine où la bouche d’un détenu se dirige vers la bouche de l’autre détenu avant de se diriger au dernier moment vers son cou ! Et que dire de cette scène étonnante où un détenu qui a coquettement décoré sa cellule avec notamment des rideaux très féminins invite Jim Brown (l’icône gay indétectable si vous avez bien lu mon texte au-dessus) a profité d’un « job » en privé dans sa cellule, ni un « blowjob » ni un « handjob » mais simplement un « job » pour bien contourner la censure de l’époque : malin !

Un vrai suspens

Mais si cet aspect transgressif du film est particulièrement appréciable, il faut avant tout apprécier La Mutinerie pour son indéniable qualité narrative avec un film d’évasion de prison qui vous offre un vrai suspens aussi tendu que la ficelle d’un string de gogo boy (ça c’est facile mais je me fais plaisir). Oui, oui, on plante ses ongles dans son canapé plusieurs fois pendant le film tellement c’est bien fait. Et en plus, le film évite largement l’écueil des prisonniers aux personnalités caricaturales qui rendent tant de films de prison navrants. Cependant, le film présente quand même un petit soucis dû au fait qu’il soit inspiré d’une histoire vraie : le manque de scènes d’action ! Car, oui, il y a des scènes d’action poignantes, violentes, cruelles mais elles sont peu nombreuses et trop courtes. Moi, cela ne me dérange pas car on ne s’ennuie pas une seconde mais, par contre, vous l’avez compris, ce film n’est peut-être pas destiné à des spectateurs à la recherche d’évasions spectaculaires puisque ce film est beaucoup plus fin et humain qu’un film d’action pur et dur.