Land of the sons | Film post-apocalyptique pasolinien | Avis

Et pourtant, et pourtant si l’on passe outre ce rythme lent et cette mise en scène froide, Land of the sons est un film fort dans son humanité qui transparait enfin à la fin du film et dans son portrait du crépuscule d’une civilisation désormais décadente et déshumanisée tel un héritage du cinéma de Pasolini. Oui, on peut aisément convier Pier Paolo Pasolini dans cette critique en faisant un parallèle entre les femmes chiennes nues qui marchent en laisse à quatre pattes sous le pouvoir dictatorial de Salò ou les 120 Journées de Sodome et la jeune femme baptisée “la chienne” maintenue en captivité toute nue dans une cage où elle est dans l’impossibilité de se mettre debout par des agriculteurs devenus pourvoyeurs de filles esclaves sexuelles ! La jeune femme qui vit nue dans sa cage cadenassée est dressée cruellement avec une sorte de fourche à 2 pics en acier en étant sortie de sa prison trop basse uniquement pour être attachée debout nue avec un collier serré autour du cou lorsqu’il faut nettoyer sa cage avec un seau d’eau froide jeté au sol ; la dimension sadomasochiste explicite de Land of the sons n’a ici rien à envier à Salò ou les 120 Journées de Sodome ! Ce retour à la bestialité et à la perte des valeurs humaines est omniprésent dans Land of the sons, lorsqu’un soldat doit se mettre à genoux devant son chef pour être martyrisé, lorsque le fils impose une suspension atroce à son prisonnier, lorsque la jeune femme enchainée est livrée à un sadique qui la force à boire avant d’abuser d’elle ! Et pourtant (je reviens à mon “et pourtant” du début de paragraphe), dans cette déferlante d’horreurs, Land of the sons distille des minuscules bribes d’humanité qui sont dès lors très touchantes même si elles ne recueillent pratiquement jamais aucun écho telles que ce moment de révélation muet où le père allait voir une femme aveugle qu’il pénétrait par derrière mécaniquement et rapidement tandis que son fils attendait dans la pièce à côté mais cette femme aveugle doit taire sa peine qui la submerge quand le fils lui apprend la mort de son père ! En fait, au fur et à mesure du film, l’inhumanité de ce monde post-apocalyptique est de plus en plus effrayante car sans limites mais les petites parcelles d’humanité viennent offrir une lueur d’espérance dans cet univers abominable.