Un homme d’action | Film Netflix convenu

En fait, Un homme d’action commence mal en relatant un épisode de la vie du jeune Lucio Urtubia à Cascante en Navarre avec des scènes pitoyablement mélodramatiques qui pouvaient encore passer dans du cinéma muet noir et blanc durant le krach de 1929 mais qui sont affligeantes aujourd’hui ! La suite est à l’avenant car la découverte de la rudesse du milieu ouvrier à Paris par Lucio Urtubia alors qu’il travaille comme maçon puis sa prise de conscience anarchiste sont filmées d’une manière scolaire didactique épouvantable : on se croirait dans un mauvais téléfilm des années 80 diffusé sur France 3 en milieu d’après-midi ! Là, oui là, on a envie d’éteindre la télévision ! Heureusement, après ça s’arrange un peu car le réalisateur passe presque directement au braquage d’une banque ; l’ellipse temporelle est osée mais au moins elle nous épargne d’autres prises de conscience du héros ! Les braquages de banques du film Un homme d’action sont corrects sauf que le personnage de Lucio Urtubia a un faux air de Jean-Paul Belmondo avec un sourire en coin permanent et des facéties inappropriées dans ce genre de circonstances tout en étant dépassé dans ses facéties par le chauffeur des braqueurs : parfois on ne sait pas si on est dans un film politique ou si on est dans une comédie ? En fait, si, on le sait, car Un homme d’action ne peut évidemment pas être comparé à des vrais films politiques et sociaux tels que le Norma Rae de Martin Ritt ou Le fond de l’air est rouge de Chris Marker : voilà un point qui est établi. Soyons honnête, le film Un homme d’action s’améliore un peu quand Lucio rencontre Anne, une étudiante parisienne en biologie qui a « envie de changer le monde », même si on a droit a des répliques de Lucio telles que « Je suis maçon et anarchiste alors je braque des banques » (pourquoi pas ? c’est ce qu’on dit généralement lors d’un premier rendez-vous amoureux). Oui, le film s’améliore car, je l’écrivais plus haut, Liah O’Prey interprète avec justesse son personnage d’Anne qui est une « petite bourgeoise » avide d’émotions fortes en devenant Révolutionnaire l’après-midi dans la cour de son université. Et là, oui là, une scène commence formidablement bien (c’est inespéré !) avec Anne en marinière rouge qui met un disque et commence à chanter Je serais la plus belle pour aller danser par-dessus la voix de Sylvie Vartan sauf que, patatra, Anne invite Lucio à danser et Anne est bien seule à incarner la femme amoureuse à cet instant et nous on ressent une profonde gêne devant notre écran en regardant Lucio qui surjoue sa timidité !