Mon Légionnaire – Film avec Camille Cottin – Avis Critique

Et c’est d’ailleurs cette concubine ukrainienne qui est certainement le personnage le plus touchant du film. La jeune femme amoureuse débarque d’Ukraine sans même être mariée avec le légionnaire ukrainien qu’elle aime, elle assiste des personnes âgées et elle fait du baby-sitting pour gagner sa vie, elle attend des mois son mariage, elle attend quand son légionnaire n’est pas là, elle rayonne de bonheur quand son légionnaire lui offre un chiot (quel moment fabuleux), elle n’a qu’une demande, qu’un espoir : avoir un enfant, ce que son légionnaire ne veut pas ! Alors elle est confrontée à la colère de son amoureux, elle surmonte cette colère, elle s’offre à l’homme qu’elle aime toujours : quelle scène admirablement filmée lorsque la jeune femme toujours habillée est pénétrée debout par derrière presque mécaniquement par son légionnaire (amour ? désespoir ? rage ? besoin d’éjaculation assouvi ?). Et comme le désir sexuel existe aussi pour la femme, il y a en filigrane la question lancinante de la fidélité soulignée par une affirmation de la jeune Ukrainienne : « Ne t’inquiète pas, je suis sage, je t’attends ». Alors (sans rien spoiler) il y a cette scène fascinante où la jeune Ukrainienne danse avec malice devant un autre homme, où elle joue avec ses doigts sur l’avant-bras de l’homme : voilà du grand cinéma avec une interprétation magistrale de l’actrice Ina Marija Bartaité ! Je fais ici un petit aparté pour vous informer avec tristesse que cette actrice lituanienne (même si elle joue le rôle d’une Ukrainienne dans le film) est hélas décédée le 7 avril 2021 à Vilnius quand une voiture l’a percutée alors qu’elle était en vélo : elle avait 25 ans.

L’ambiguïté des rapports humains

Camille Cottin (qui est toujours parfaite) joue le rôle de l’épouse d’un lieutenant français interprété à la perfection par Louis Garrel (ce n’est pas un numéro d’acteur, c’est juste l’incarnation parfaite d’un personnage, c’est bluffant). Leur couple qui semble parfait (j’aime bien l’adjectif parfait) est en réalité en perdition car le lieutenant n’est pas vraiment là quand il est avec sa femme : la Légion semble plus importante que son épouse ! Pourtant, sa femme, toujours amoureuse de lui, défend son mari lorsqu’il est attaqué par des remarques stupides de bobos trop sûr d’eux-mêmes lors d’un dîner au restaurant entre amis : la gêne qui nimbe ce dîner est palpable ! La femme du lieutenant est donc confrontée à l’ambiguïté des rapports humains entre son mari et les autres légionnaires : une ambiguïté soulignée par une scène de corps à corps torses nus filmée au ralenti.