Seize Printemps – DVD – Avis Critique sur le film

Certes, voilà un bon point pour ce film qui affirme son propos, mais comment est ce film ? Eh bien, Seize Printemps est une sorte d’entre-deux entre La Boum et Mort à Venise ! Le rapport de Suzanne avec ses parents, la boum à laquelle se rend Suzanne, les lycéennes qui gravitent autour de Suzanne participent à cette atmosphère qui évoque La Boum et Diabolo Menthe puisque Suzanne a aussi l’âge d’être solitaire et de boire des diabolo grenadine avec une attitude corporelle parfois proche de Charlotte Gainsbourg dans L’Effrontée. Cette facette dans la veine de La Boum est bien traitée, avec beaucoup de sensibilité et une caméra intelligente qui sait prendre le temps et expliciter les émotions de l’héroïne. L’autre facette du film est une sorte de Mort à Venise inversé avec Suzanne adolescente dans le rôle de l’admiratrice muette fascinée par un homme d’âge mûr. Cette facette du film dans la lignée de Visconti est elle aussi très bien traitée puisque le spectateur (moi en tous cas) s’interroge souvent pour savoir si Suzanne va oser faire le premier pas et aborder le trentenaire qui la tente tant ? Ajoutons que le film se déroule dans le Paris BoBo (Bourgeois Bohème) autour du Théâtre de l’Atelier et cet aspect de Seize Printemps est très intéressant car lorsque Suzanne découvre les répétitions d’une pièce de théâtre alors on retrouve un peu les mêmes sensations que dans Clémentine Tango où la jeune fille découvrait un cabaret. Sur tous ces points, Seize Printemps est vraiment très sympa.

Les sentiments en errance d’une fille de 16 ans

Ceci écrit, si Seize Printemps est très agréable à regarder (on ne s’ennuie pas), il lui manque toutefois un accélérateur de tension pour être palpitant. Je vais ici refroidir les espoirs de tous les spectateurs (moi en particulier) qui ont adoré l’excellentissime Beauté Volée car la transgressivité de Seize Printemps s’arrête sur le choix de son thème et ne se poursuit pas en images ainsi vous ne verrez pas des scènes sulfureuses dans la lignée de Beauté Volée et Liv Tyler restera à tout jamais votre icône (la mienne, en tous cas) de la subversion adolescente ! Pour être clair, il n’y a absolument rien d’érotique ou de malsain dans Seize Printemps, il s’agit simplement d’une histoire d’amour entre un homme et une jeune femme que 20 ans séparent. Bref, on se laisse bercer par Seize Printemps en savourant des très bons moments, en ne comprenant pas toutes les scènes (j’ai calé sur 2 ou 3 métaphores, je pense), et en attendant un fait marquant dans le film qui n’arrive pas. Ainsi Seize Printemps reste propre et BoBo chic du début à la fin sans vraiment renverser la table. La richesse du film se situe bien plus dans la représentation des sentiments en errance d’une jeune femme de 16 ans qui est, il faut le reconnaître, d’une belle finesse (la représentation, la jeune femme aussi d’ailleurs). Au final, on a passé un bon moment mais on est un peu déçu car l’excellente première partie du film qui laissait présager une excellente seconde partie se contente de nous offrir un spectacle élégant et sensible mais convenu.