Là où chantent les écrevisses | Film sensible

Incontestablement, Là où chantent les écrevisses est un film extrêmement fort à plusieurs moments dont, notamment, la première fois de Kya dans un motel économique avec son amant qui la pénètre sans égard jusqu’à, malheureusement, logiquement, le jour où le jeune homme force Kya par derrière tandis qu’elle tente de résister ! Paradoxalement, plusieurs autres moments forts du film sont des scènes presque oniriques où Kya rencontre son premier amour dans une nature enchanteresse filmée avec un esthétisme aussi envoûtant qu’invitant. Ainsi, l’histoire qui est souvent très dure bascule parfois vers un univers qui ressemble à celui d’un conte de fées ! En effet, le film Là où chantent les écrevisses est à la croisée de plusieurs genres entre la romance, le récit d’apprentissage, le drame et le mélodrame, le film de survie, le film policier, le film de procès (je n’arrive pas à comprendre pourquoi les Américains aiment autant faire des films de procès) s’inscrivant parfois dans un registre presque jeune public et d’autres fois dans un registre presque adulte ! Daisy Edgar-Jones interprète Kya de ses 15 ans à ses 23 ans avec une tonalité dramatique parfaite car Daisy Edgar-Jones est irréprochable de justesse lorsqu’elle est pénétrée pour la première fois par son amant qui fait quelques va-et-vient en jouissant par besoin sans se soucier d’elle ! Chase, l’amant de Kya qui lui ment effrontément en prétendant qu’il veut se marier avec elle, est aussi un personnage fort du film grâce à l’interprétation réussie de Harris Dickinson pour ce rôle pourtant difficile car il arrive à instaurer le malaise par sa seule présence à l’écran. Tate, le premier amour de Kya, est interprété avec une belle douceur par Taylor John Smith bien que son personnage manque un peu de relief ; et si vous appréciez Taylor John Smith (ou si vous craquez sur lui !) alors vous pouvez retrouver cet acteur talentueux dans le film Blacklight de Mark Williams. Je dois aussi souligner la très belle interprétation toute en humanité de Charlene Michael Hyatt (Fame, Une affaire de détails, Four good days…) en épicière afro-américaine maternelle pour Kya au sein d’une communauté blanche enfermée dans ses certitudes. Cependant, hélas, les autres actrices et acteurs, peut-être victimes de personnages trop manichéens, délivrent des interprétations presque surjouées avec bien peu de profondeur. Le film Là où chantent les écrevisses qui aurait pu être une très grande œuvre perd beaucoup de son magnétisme avec ses rôles trop stéréotypés !