Sorcière – DVD et Blu-Ray – Avis critique sur le film de Neil Marshall

Avec la formidable Charlotte Kirk qui joue à la perfection et qui a co-écrit le scénario avec le réalisateur Neil Marshall, Sorcière est un excellent film aux frontières du drame historique et du meilleur cinéma fantastique nimbé d’un érotisme sadomasochiste perturbant donc fascinant. Sorcière est une œuvre assez inclassable donc, évidemment, très intéressante et avouons-le passionnante, un peu à la manière des films surréalistes de Fernando Arrabal ou d’Alejandro Jodorowski.

Humilier et punir publiquement une fille innocente

Ainsi on ne peut pas classer Sorcière dans la catégorie des films d’horreur même si certaines scènes sont vraiment effrayantes… mais ces scènes sont souvent des portes qui s’ouvrent vers un autre monde ! Sorcière est en premier lieu un film magistral sur la bêtise humaine et sa cruauté sans limite. Peu de films ont la force de Sorcière pour dénoncer ce que fut la chasse aux sorcières au Moyen Âge et les atrocités que durent subir des femmes innocentes coupables d’être simplement étrangères ou différentes. Sur ce point, le film est parfait… et aussi sur tous les autres points, d’ailleurs. J’ouvre ici une parenthèse pour faire un retour en arrière sur Monty Python Sacré Graal et sa célèbre scène avec la sorcière au début du film accusée injustement de tous les maux en étant affublée d’une carotte en guise de faux nez ; ce qui semblait être une simple parodie absurde consistant à accuser, humilier et punir publiquement une fille innocente est en fait très proche de la réalité absurde vécue par les jeunes femmes accusées de sorcellerie au Moyen Âge.

Entre sadomasochisme et érotisme

La réalisation de Neil Marshall (Dog soldiers, The descent, Doomsday) est vraiment excellente car les images sont superbes avec une tension omniprésente qui nimbe le film ! On retrouve cette tension palpable et ce malaise dans les scènes les plus dures qui chavirent constamment entre sadomasochisme et érotisme. Si ces scènes ont évidemment une connotation BDSM marquée, Sorcière a l’intelligence de ne pas sombrer dans l’écueil du genre Torture porn tel qu’on peut le voir dans Hostel puisque les scènes de torture de Sorcière ne sont pas explicites sexuellement mais sont filmées tout en suggestion. C’est bien là une des forces de Sorcière qui va jouer sur l’ambiguïté de ces scènes à dominante sadomaso à la manière de Angélique Marquise des anges en faisant ainsi évidemment naître un trouble du désir chez certaines spectatrices identique à celui vécu par leurs ainées à la vision des punitions subies par la jeune Angélique de Sancé. Charlotte Kirk est ici une actrice fabuleuse qui emmène avec elle les spectatrices et les spectateurs dans ce conflit des sens au sein du gouffre sans fin de ce cauchemar vivant qui semble vouloir l’engloutir. Au-delà des punitions corporelles toujours plus intenses, les mystères naissent et s’épaississent au fur et à mesure du film en arc-boutant encore plus le suspens car Sorcière réserve des situations oniriques que je ne souhaite pas dévoiler.

Une sorte de brutalité lyrique

Ainsi, en étant à cheval sur plusieurs genres cinématographiques, Sorcière est un film qui réussit à surprendre son public et donc à le captiver. Je comprends aussi que des personnes aient pu être déstabilisées par ce film car elles espéraient sans doute voir un simple film d’horreur ou un simple film historique mais ce n’est pas le cas car Sorcière va au-delà de ces genres. Sorcière est un DVD ou un Blu-Ray que l’on glisse avec délice dans son lecteur DVD en choisissant de se laisser porter par le film et là, oui là, on est pris dès la première seconde jusqu’à la dernière seconde car Sorcière sait faire basculer son public d’un univers à un autre avec une sorte de brutalité lyrique qui n’est rien d’autre que le reflet de la brutalité humaine et de sa victime : la sorcière.