Memory Box – Film sur une adolescente à Beyrouth en guerre – Avis Critique

Sur la forme, Memory Box est un film très inventif et très beau avec un réel sens esthétique de l’écriture des images. Je n’adhère pas à toutes les séquences créatives mais certaines d’entre elles sont indéniablement superbes et très poétiques. Alors, même si le film manquait peut-être un peu de moyens financiers, Memory Box s’affirme malgré son budget restreint comme une perle de mise en scène ; du très beau cinéma ! Le pari était risqué mais Memory Box arrive ainsi, avec son excellente réalisation, à bien faire évoluer parallèlement Maia en mère à Montréal en 2020 et Maia en adolescente à Beyrouth en 1985. Manal Issa interprète Maia dans les années 80 avec beaucoup de talent en donnant vraiment corps à son personnage (vous pouvez retrouver la talentueuse Manal Issa dans l’excellent film Les Nageuses qui raconte l’histoire vraie de deux jeunes sœurs nageuses fuyant la Syrie en 2015) tout comme Rim Turki qui interprète Maia aujourd’hui à Montréal : ce duo d’actrices qui joue la même personne avec 35 ans d’écart est une belle réussite ! La double réalisation conjointe de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige est donc aussi, concomitamment, une belle réussite puisque Memory Box peut s’avérer parfois très féminin et d’autres fois très dur avec un équilibre bien trouvé ; du travail d’artistes ! Ainsi la scène où Maia adolescente perd sa virginité réussit à être explicite lors de la défloration tout en étant sublime de justesse et de sensibilité et de douceur avec, encore une fois, une perception féminine de cette première fois d’une fille absolument envoûtante ; on est vraiment avec Maia à cet instant de passage et, pour être totalement honnête, je crois bien qu’il s’agit d’une des plus belles scènes de l’histoire du cinéma où une fille vierge s’offre avec espérance et amour.