Manodrome | Film trouble

Notre avis sur Manodrome est extrêmement positif mais nuancé car son réalisateur John Trengove maîtrise prodigieusement sa caméra pour livrer un film majeur à la croisée de Fight Club de David Fincher et de Cruising de William Friedkin et de Taxi Driver de Martin Scorsese où chaque plan d’une beauté graphique sidérante retranscrit à fleur de peau le mal-être prégnant de son héros Ralphie mais simultanément ce mal-être envahissant rend parfois Manodrome difficile à regarder tant il entraine son public dans les abimes d’un jeune homme en quête de soi ! Le film Manodrome commence par un gros plan sur le sein nu d’une jeune passagère assise à l’arrière de la voiture Uber de Ralphie ! Et tout le film va continuer ainsi avec des scènes chocs imprévisibles qui bousculent le cours de l’histoire en une fraction de seconde : du grand cinéma qui prend aux tripes ! Le film Manodrome bouscule alors chaque certitude ! Ce sont les jeunes femmes d’aujourd’hui qui pratiquent de plus en plus l’abstinence sexuelle mais Manodrome présente un groupe d’hommes qui ont eux aussi décider de pratiquer l’abstinence sexuelle sans se soucier de leurs conjointes en les délaissant totalement ! Le film Manodrome appuie cette masculinité exacerbée avec une abondance de plans hérités du monde de Tom of Finland où des hommes musclés dans les vestiaires de la salle de sport dévoilent sans pudeur leurs fessiers et leurs membres. Désormais happé par cet univers mâle, Ralphie n’éprouve plus aucune envie de faire l’amour à sa ravissante compagne aux cheveux bleus même quand elle le chevauche comme une cow-girl ! Au contraire, Ralphie est maintenant attiré par les hommes mais en étant incapable d’admettre son attirance ce qui le pousse à agir de plus en plus brutalement ! La marche hagarde de Ralphie dans la rue décidé à frapper est un splendide moment de cinéma ! Manodrome s’avère un film choc dans son propos mais aussi dans sa forme : quel film haletant !