ADAPTATION du roman en BD Seul le silence
Franchement, je ne suis pas passionné par les romans policiers américains sombres qui, à force de vouloir créer un effet de surprise, sont prévisibles et mornes. Par contre, je dois saluer l’adaptation française en bande dessinée de Seul le silence car le roman de R.J. Ellory m’aurait sans doute laissé de marbre mais la BD est une merveille de sentiments et de sensations : on a souvent l’impression de vivre l’histoire ! On doit saluer les graphismes en teintes bistres qui sont, pour beaucoup de cases, des véritables petites œuvres d’art telles des photos d’une réalité passée : comment peut-on avoir autant de talent ? On doit aussi saluer l’adaptation scénaristique qui sait s’attarder sur les moments forts et émouvants. La violence des crimes est traitée avec une juste sobriété ce qui donne autant de puissance aux rares moments où ils sont présents ainsi cette bande dessinée n’est absolument pas destinée aux enfants et, pour ma part, j’éviterais de la faire lire à un.e adolescent.e car certaines scènes, de par leur teneur, sont abominables. Heureusement, la BD ne s’attarde pas sur les crimes atroces mais sur les sentiments ressentis ensuite par le héros et les autres personnages ce qui permet d’apporter une certaine douceur bienveillante au récit.
R. J. ELLORY
CRITIQUE de la BD Seul le silence
Cette BD offre d’ailleurs beaucoup de sensations : la chaleur étouffante d’une campagne désertique, le soleil, la sueur, le goût, les senteurs, la moiteur, les corps qui s’étreignent… Les dessins sont vraiment splendides et chargés en impressions presque palpables jusqu’au sentiment amoureux émergent : c’est vraiment une grande leçon de bande dessinée. Ainsi, paradoxalement, n’hésitez pas à passer outre la couverture de Seul le silence qui ne s’avère hélas pas représentative de la beauté graphique sidérante de la BD (surtout la première partie qui est un chef d’œuvre de sensibilité et de justesse).
Époustouflant de beaux moments
Comme je l’écrivais plus haut, l’histoire en elle-même d’un ado confronté à l’assassinat d’une fille de son âge qui, au fil des années, va mener l’enquête sur une série de meurtres semblables n’est pas une histoire qui me convainc. Par contre, le traitement de cette histoire par Fabrice Colin et Richard Guérineau est lui époustouflant de beaux moments et d’instants forts malgré la dureté du récit.
Des amours souvent interdits
En fait, la bande dessinée Seul le silence plonge la lectrice et le lecteur dans l’Amérique rurale désargentée de la Seconde Guerre Mondiale et de l’Après-guerre avec ses amours souvent interdits et ses haines stupides : les voisins allemands du narrateur subiront les conséquences aveugles de leurs origines. La BD ne s’enferme pas dans un récit noir sinistre car, bien souvent, la vie reprend ses droits comme cette longue scène prodigieuse où l’ancienne enseignante de l’adolescent le retrouve quand il a grandi et elle lui fait l’amour : il s’agit presque de la scène manquante de Un été 42 !
Une vraie réussite toute en sensations
Je vais être honnête intellectuellement ; les amateurs de roman noir trouveront sans doute leur compte avec l’histoire souvent tragique du narrateur qui devient écrivain en continuant sa quête pour retrouver le coupable des meurtres mais, pour moi, la force de la BD ne réside pas dans le récit de cette histoire policière mais dans toute l’humanité (ou la perte d’humanité) qui nimbe cette quête. Je le répète, l’adaptation du roman de R.J. Ellory est une vraie réussite toute en sensations et en sentiments.
Bande dessinée proche de la perfection
Est-ce que cette BD est parfaite ? Presque parfaite ! J’ai été un peu déçu par le vieillissement de la mère que j’ai ressenti comme trop marqué car, c’est bien dommage, les autres personnages sont traités avec un rigorisme sans faille au cours de toutes les époques de la bande dessinée. Et puis, c’est vrai, je n’ai pas réussi à entrer dans le suspens consistant à savoir qui pourrait être le probable meurtrier car le roman original, comme tant d’autres livres policiers américains (bien que l’auteur soit un Anglais), est tellement destiné à surprendre son lectorat qu’il ne surprend plus avec des twists (retournements de situation) si imprévisibles qu’ils en deviennent prévisibles. Mais bon, ça c’est moi qui ne suit pas bon public pour les romans policiers américains hormis évidemment The General’s Daughter (Le Déshonneur d’Elisabeth Campbell) qui est au summum du thriller (car il y a heureusement des exceptions magistrales).
AVIS sur la BD Seul le silence
Alors, au final, elle est bien cette BD ? Elle est géniale ! On a tant de plaisir à goûter chaque case (sauf les meurtres, ça c’est glaçant), à humer l’air chaud, à sentir le souffle du vent, à être troublé, à être enthousiaste, à être perdu, que l’on est aspiré dans cette bande dessinée en vivant des vrais instants de grâce (si, si, plusieurs cases sont émouvantes). Alors, même si comme moi vous n’êtes pas un fan de roman noir, cette bande dessinée vous emportera tout de même avec elle au fin fond des États-Unis pour un voyage temporel fabuleux tout en émotions. Et si vous êtes un fan de thriller américain alors là, oui là, évidemment vous pouvez acheter cette BD les yeux fermés… un peu comme l’adolescent qui doit garder ses yeux fermés tandis que son amie lui fait goûter un morceau de sandwich au début de la bande dessinée. Alors goûtez donc cette BD, vous ne serez pas déçus !
ACHETER la BD
Seul le silence
VIDÉO de la BD Seul le silence
ÉDITEUR de la BD Seul le silence
La bande dessinée est éditée par Philéas.
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